Le printemps 2019 des Galopères : Vivre, Partager, Transmettre...

Voici maintenant 7 semaines que notre petit clandestin, conçu en Uruguay, a décidé de pointer le bout de son nez. Nous disons bien "décidé" parce qu'il nous a vraiment laissé le temps de nous préparer à son arrivée, se manifestant seulement un jour avant le terme prévu du 19 février.

2018 s'était terminé pour nous par une virée dans les Alpes et nous avons ainsi fait quelques 8000 kilomètres depuis décembre sur les routes, pour nos "dernières vacances à 2", pour visiter ici et là des amis et de la famille. Rentrés depuis mai 2018, nous en avons fait des kilomètres pour répondre aux invitations mais nous commencions à sentir qu'il était temps de nous arrêter et que ce serait à notre tour d'inviter. Nous avons beau avoir été sur les routes pendant les dernières années et bien habitués mais il devenait indispensable que nous calmions les voyages aussi bien pour nous que pour le petit à venir. Pourtant, à ce moment-là, le petit d'homme à 7 mois de gestation n'était nullement dérangé de parcourir la France d'Ouest en Est, bien au chaud à 37,2°C. 

Un ami nous a dit un jour qu'avant l'arrivée d'un nouveau venu dans une famille, il y avait souvent un déménagement... Effectivement, il était bien prévu en janvier que nous quittions l'appartement d'Albi prêté depuis juillet. Mais c'est bien la première fois que nous avons été aussi rapides pour faire nos bagages et mettre les voiles ! Notre nouvelle compagne de voyage, notre Volkswagen Passat, est chargée à bloc en moins de 24h et se profile pour nous un départ inattendu à Cadarache, du côté de Manosque, pour un mois de travail pour Alexandre. Le mercredi, tout est calé, nous quittons Albi le jeudi et le travail commencerait le lundi. Un mois dans la douceur du Sud-Est, près des Gorges du Verdon, il est évident que je suis Alexandre là-bas, quitte à y accoucher puisque nous allons sérieusement nous rapprocher du terme. Nous sommes réactifs, prêts et confiants jusqu'à ce que, le vendredi, 16h30... tout est annulé à l'Est et nous nous retrouvons avec toutes nos affaires chargées dans la voiture et sans toit sur la tête... 

Mi-janvier 2019... Nous nous rappellerons toujours que nous avons alors commencé une période plus sdf que jamais et malgré le fait que nous ayons vécu dans une voiture les dernières années, prêts à tout, il y a des moments où ça commence à devenir une urgence de trouver un nid... Mais notre vie nomade continue, je suis Alexandre là où le travail l'amène à être, il est hors de question maintenant que nous soyons séparés géographiquement de nouveau, que ce soit pour l'arrivée du bébé comme pour notre moral à nous deux. Après ce faux-départ à Cadarache, une mission d'une semaine à Iraty, dans les Pyrénées Atlantiques, nous amène à prendre un studio sur Airbnb. Puis le travail l'entraine deux semaines à Saint Antonin Noble Val, dans le Tarn et Garonne. Et donc je suis bien sûr ! Les parents d'Alexandre, persuadés que je vais accoucher au final à Montauban, nous accueillent tous les 2 et demi à bras ouverts chez eux sachant que le petit clandestin, à moins d'un mois du terme, peut arriver du jour au lendemain sans souci maintenant.

Mais tous les week-ends, nous sommes en Ariège où il est prévu que j'accouche. Depuis notre retour, nous n'attendons que ça de retrouver les Pyrénées, Nous y avons rencontré l'anesthésiste, la visite avec une sage-femme pour le dernier mois de grossesse a eu lieu. Tous les week-ends nous sommes en visite pour essayer de trouver un appartement et donc notre petit nid... Ce n'est pas faute d’amasser les brindilles avec soin mais nous devons être une espèce d'oiseaux rares pour qu'à ce moment-là nous n'ayons pas encore trouvé l'arbre prêt à nous accueillir pour nous établir dans ses branches. Des logements, promis à d'autres, nous passent sous le nez. Nous n'avons pas de CDI, pas de situation professionnelle stable, sans congé maternité pour moi et au chômage,  en intérim pour Alex, ça dissuade certains propriétaires ou agences immobilières... Nous nous tournons vers les organismes de logements sociaux mais sans avis d'imposition des années précédentes pour justifier de nos ressources, notre dossier ne passera même pas en commission ! 

Décidément, nous ne rentrons vraiment pas dans les cases, ces fameuses cases qu'il semble falloir respecter pour trouver une place ici ! Et dire que c'est hors la loi que nous allons devoir mettre au monde notre petit clandestin ! Et oui, tant que nous n'avons pas déclaré nos revenus comme il se doit en mai ou juin prochain, le Centre des Finances nous a donc qualifiés de personnes en "situation irrégulière" ! Ben voyons ! Nous aimerions tellement dire "Back to the car", notre unique vrai "chez nous" mais ça n'est pas possible et puis, de toute façon, nous n'avons même pas le droit de conduire Pépère ! Il est non assurable ici pour nous puisque nous sommes considérés comme jeunes conducteurs... Bien le Bonjour en France après 4 ans à l'étranger ! Il est dur l'accueil depuis mai 2018 mais nous souhaitons partir au plus tôt. Malheureusement nous ne savons pas quand, cela n'est pas entre nos mains ! 

Finalement, 10 jours avant le 19 février, nous visitons enfin un appartement qui pourrait nous convenir ! Un toit suffisamment grand pour nous y installer à 3, accueillir enfin du monde plutôt que de nous déplacer toujours. Le gros point positif : nous allons avoir un garage et un jardin et cela, à seulement 2 kilomètres de Foix ! C'est presque inespéré et alors que c'est la dernière semaine avant le terme, nous donnons notre accord, nous le prenons !! Il est moins juste de toute façon... L'appartement est moche et vieux mais il ne manque pas d'espace et son environnement nous plait bien, dans le petit village de Montgailhard (nous ne pouvions pas mieux trouver !), près d'une rivière calme. Tandis que nous sommes sur Montauban et que nous venons de raccrocher avec les propriétaires qui vivent dans l'Aude, il est lundi soir, le rendez-vous est pris le jeudi pour récupérer les clefs. 

Le mardi à la première heure, j'appelle les fournisseurs d'énergie. Effectivement, nous n'y avons pas l’électricité ni le chauffage pour le moment. Il faut relancer tous les compteurs... Et bien qu'un délai de 5 jours au maximum doit être respecté par leurs services, nous aurons une personne pour ouvrir le gaz le lundi suivant, le 18, mais pour ce qui est de l’électricité, ça ne leur pose aucun problème de nous proposer un rendez-vous au 25 seulement, soit 13 jours plus tard, une semaine après la naissance... Alexandre fait des bonds et nous nous voyons déjà devoir investir les lieux dans un appartement sans électricité ni chauffage avec un nouveau-né. Cela ne choque personne chez Edf alors il prend le téléphone, s'arme de patience et enfin après une heure, il va réussir à joindre le service qui s'occupe de venir faire les ouvertures de compteurs. Effectivement, les 5 jours doivent être respectés et c'est soulagés que nous aurons les deux rendez-vous au 18, soit la veille du terme. C'est parfait, surtout qu'Alexandre est persuadé que notre petit bonhomme ne pointera le bout de son nez qu'avec la pleine Lune, au 19 février !

De Montauban, nous organisons notre déménagement et prenons la route avec notre fidèle Gaillard, chargé de ce qui meublera un peu ce nouvel appartement, bien trop grand pour nous, par rapport au peu que nous possédons. C'est un ultime voyage pour le ramener avec nous alors que voici des mois que nous ne pouvons plus rouler avec et que nous en avons mal aux tripes... Il attendait patiemment chez les parents d'Alexandre que nous prenions enfin soin de lui. Bien que les vibrations soient bien plus fortes sur la route que dans la Passat, il nous amène avec douceur tous les deux presque trois jusqu'à bon port, fidèle et loyal. Il sait que c'est pour un nouveau départ puisque avoir un garage, c'est pour lui que nous y tenions. 

Nous allons pouvoir démonter tout ce qu'il y a dedans et stocker, pour le ramener à Seysses, chez Egal16, dans le garage de Florent qui nous laisse de nouveau une place pour commencer enfin notre révision du retour ! De Foix, ça ne fera pas très loin pour Alexandre pour aller y travailler dessus et c'est toujours un plaisir de retrouver Florent et l'aider dans ses tâches à lui ! En pensant à ces futurs jours de mécanique, nous n'espérons alors qu'une chose : que notre petit bonhomme soit en bonne santé et qu'il puisse très vite nous accompagner partout. Ses premiers jouets ne pourraient-ils pas être une clé de 12 et une de 14 ?? C'est la base pour un bébé conçu dans un Toyota ! Et j'espère bien aider Alex dans cette nouvelle révision, pour un nouveau départ ! 

Tandis que nous voyageons vers l'Ariège, les parents d'Alexandre prennent notre Passat, la familiale, elle aussi bien chargée et nous nous retrouvons à notre nouvelle adresse pour y décharger nos affaires. Puis nous reprenons la route tous les 4 vers Montauban d'où nous ferons un dernier voyage le lendemain. Dimanche 17 février, à la première heure, c'est vers Saint-Girons que nous allons pour récupérer un frigo. Puis retour à Foix. Nous y récupérons un canapé dans l'après-midi avant d'aller chercher à Pamiers un bureau en début de soirée. Nous rentrons enfin à l’appartement, il fait nuit. Sans électricité ni chauffage jusqu'aux rendez-vous prévus le lendemain, il fait quand même 14°C et à la lueur des bougies, nous savourons une part de la pizza sortie du four du pizzaiolo, à 300m. De toute façon, nous avons tout ce qu'il nous faut avec Pépère avec nous. Le réchaud est parfait pour nous préparer une infusion chaude, nous retrouvons tout ce avec quoi nous avons vécu notre quotidien dans notre Toyota ! Et tandis que nous nous blottissons tendrement l'un contre l'autre sous notre chaud duvet de plumes, savourant de nous reposer confortablement sur le matelas de la tente de toit, c'est à ce moment-là que je perds un peu de liquide amniotique et nous filons à l'hôpital, persuadés que c'est une fausse alerte. 

J'ai ressenti les premières contractions dans la nuit et tandis que le travail s'est mis en route et que notre petit bonhomme se décide vraiment à arriver, Alex doit s'éclipser dans la matinée pour le rendez-vous pour l'ouverture du gaz. Et c'est quand notre fiston a commencé à montrer sa tête dans l'après-midi que le technicien pour l'ouverture du compteur d’électricité a appelé Alexandre pour le rendez-vous qu'il a bien sûr accepté de décaler d'une heure pour qu'il soit bien présent à la naissance de son fils ! 16h21, lundi 18 février, c'est la tête la première que notre petit Sacha, avec ses 49 centimètres et ses 3,220 kilos, débarque en personne dans notre vie tourmentée par ces 9 mois de retour en France... Mais tout ce que nous avons vécu de bon pendant ces 4 années et que nous aimons partager, tout ce que nous vivons de bon aujourd'hui, nous allons maintenant aimer le transmettre, sachant que nous n'attendons plus qu'un nouveau départ à 3, vers le Canada...

A très bientôt,

Les Galopères

 

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